Il y a quelques semaines, lors d’une soirée dégustation dans un bar à vin bordelais, j’ai fait la connaissance de Paul-Marie Fourestey et Jonathan Suquet.
Ce sont les vignerons du Château Scylla dans l’Entre-deux-mers, et ces derniers ont accepté de m’accueillir sur leur vignoble le temps d’une après-midi. 🙂
Visite du vignoble
Le Château Scylla est situé à Sainte-Radegonde, une ville de l’Entre-deux-mers entre Libourne et Bergerac. Pour s’y rendre il faut grimper !
Le vignoble est sur les hauteurs, et qu’est-ce que c’est joli le paysage une fois là-haut !
Créé en 2015, il est encore tout jeune mais les vignerons qui y travaillent ont, eux, beaucoup d’expérience et de talent.
C’est grâce à cela que leur vin a si vite séduit.
Dans cet article je vous présente ma découverte du vignoble ! Elle s’est faite en deux temps, d’abord dans les vignes puis ensuite au chai.
Parcourir les vignes
Afin de présenter tout le processus de fabrication d’un vin Château Scylla, c’est bien évidemment par la vigne que nous avons commencé.
Les parcelles de vignes de Paul-Marie et de Jonathan ne sont pas très grandes mais c’est une volonté de la part des vignerons.
En outre, ici, tout le travail de la vigne est fait à la main, on privilégie donc la qualité à la quantité.
Lors de notre promenade entre les pieds de Merlot et ceux de Sémillon, j’ai pu poser de nombreuses questions sur le travail de la vigne, sur le sol et sur comment tout cela influe sur le vin.
J’ai appris que le fait d’être sur des coteaux était une bonne chose.
Le relief joue en effet un rôle sur le raisin et sa maturité. Grâce à l’ensoleillement qui est idéal et à l’eau de pluie qui s’écoule plus facilement.
De plus, le sol argilo-calcaire du vignoble a l’avantage de restituer l’eau petit à petit à la plante.
Etre vigneron c’est un travail de toute l’année sur la vigne ! Il faut s’occuper à toutes les saisons (la taille, le travail du sol, le palissage, les vendanges, etc..) et je ne peux que me rendre compte du travail qu’il faut réaliser pour obtenir une bouteille de vin.
L’élaboration du vin dans le chai
Une fois que la vendange (manuelle) est terminée, Les messieurs m’expliquent les différentes étapes de l’élaboration du vin. Dans un premier temps, les fruits sont triés puis pressés.
Ensuite mis en fermentation, une étape qui peut durer de quelques heures à plusieurs semaines selon le type de vin.
Puis vient l’élevage, c’est à dire le vieillissement du vin, soit en cuve soit en fût de chêne.
La dernière étape est finalement la mise en bouteille. C’est un résumé très succinct que je vous fait ici et ces messieurs m’ont donné bien plus de détails mais si, comme moi, vous découvrez un peu cet univers alors vous avez les grandes étapes à mémoriser.
Ce que j’ai retenu c’est que le Château Scylla pratique une viticulture raisonnée avec des méthodes se rapprochant de la biodynamie, n’agressant pas la vigne ni le vin.
Des prix tout à fait abordables pour de très belles bouteilles
Ici, on ne fait pas que de l’Entre-deux-mers ! Les vignerons créent également un Bordeaux rosé, un Bordeaux blanc (cuvée prestige) et un Bordeaux Supérieur rouge, pour en moyenne 10€ la bouteille seulement.
Paul-Marie et Jonathan souhaitent concevoir des vins élégants et justes, mais surtout des vins conviviaux, qui se partagent.
Ce n’est pas nécessaire d’acheter une bouteille hors de prix lorsque l’on en a de très bonnes et abordables, à partager avec ses proches !
Il ne s’agit pas du premier vigneron à me le dire : il y a des vins absolument délicieux en Bordeaux Supérieur.
Quand on pense ‘vignoble bordelais’ on pense souvent au grands châteaux de Saint-Émilion ou de Margaux.
Ils font de très bons vins, certes, mais les bouteilles sont hors de prix pour beaucoup d’entre nous.
Or, il se trouve qu’il y a une quantité de vins d’AOC Bordeaux Supérieur qui sont tout à fait abordables. (5 à 10€) Et surtout très très bon !
C’est nécessaire de sauter le pas, les essayer, et vous verrez que de nombreux petits châteaux cachent en fait des pépites !
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Le vin est bien plus que de l’alcool. Il reflète un terroir, des cépages, des techniques. Et la manière de procéder du vigneron a aussi une grande influence !
Cette après-midi là j’ai rencontré des personnes passionnées qui m’ont beaucoup appris… Je vous propose donc de lire cette interview de Paul-Marie Fourestey, car personne ne vous parlera mieux du Château Scylla que lui-même !
Interview – Paul-Marie Fourestey
Expliquez-moi les origines et la création du Château Scylla ?
C’est l’histoire de parcours croisés entre deux personnes. L’une voulant vendre sa production : Paul-Marie Fourestey et l’autre voulant produire le vin qu’il vend : Jonathan Suquet.
Après le constat de notre complémentarité nous avons unis nos volontés pour créer le Château Scylla dans un cadre idéal de côteaux, propices à l’élaboration de grand vin.
Il y avait une envie partagée de créer et de laisser une trace.
Cette envie n’ayant pas pu se réaliser pleinement dans nos vies précédentes, elle a rebondi dans cet exigeant projet.
Naturellement, face à l’épreuve que peut être l’installation en viticulture, que l’expression “tomber de Charybde en Scylla”, s’est imposée à nous. Pour illustrer notre parcours où nous passons de danger en écueil.
Puis, aussi la dimension mythologique du voyage d’Ulysse qui affronte Scylla !
Une ancienne naïade transformée en monstre marin par la magicienne Circé, qui nous a donné l’envie de baptiser notre château du nom de Scylla.
De la même manière qu’un promontoire rocheux dans le détroit de Messine a inspiré cette légende, notre position géographique sur cette roche calcaire nous fait rêver à des vins homériques.
Quelle est votre philosophie en ce qui concerne la viticulture, quels principes appliquez-vous dans le vignoble ?
La prophylaxie est un concept très puissant et vertueux qui nous oblige à repenser les choses en permanence.
Cela revient à anticiper les choses au maximum, comme maintenir une bonne aération des pieds de vigne par le contre-ébourgeonnage afin de lutter contre les maladies cryptogamiques .
Par ailleurs, si une grappe de raisin est entassée sous la végétation cela induira une atmosphére propice aux maladies et il faudra la traiter.
Nous nous efforçons donc d’intervenir avec efficience, en utilisant les produits les plus doux / naturels possibles, la meilleure matière active étant l’œil vigilant du vigneron et son expérience.
Comment définiriez vous vos vins ?
Nos vins sont nets, francs et élégants, pour la table et les moments entre amis.
De quel façon voyez-vous le futur du Château Scylla ?
Nous nous remettons en questions tous les ans car nous travaillons avec du vivant.
Le gel de ces dernières semaines nous a très durement touché par exemple mais nous travaillons déjà à l’élaboration de nouvelles micro-cuvées afin de compléter la gamme Château Scylla.
Où peut-on trouver vos vins ?
Dans notre chai ! Mais surtout chez les cavistes et restaurateurs de la région comme le Quatrième Mur du chef Etchebest ou l’Hostellerie de Plaisance à Saint-Emilion.
On peut aussi nous retrouver à la brasserie Le Noailles ou bien à l’Auberge de Saint-Jean, parmi nos plus prestigieux clients.
Avec quoi aimez-vous déguster votre vin ?
J’ai le souvenir d’un Château Scylla entre-deux-mers 2015 avec un omble chevalier sauce au beurre blanc sur les bords du lac Léman…
L’ équilibre subtil entre la chair fine du poisson et l’élégance du vin, l’un et l’autre s’exprimant à part égale dans un accord met-vin des plus parfaits.
Accord met-vin
Avant de m’intéresser à l’élaboration du vin, je m’intéresse déjà depuis plusieurs mois à la manière de déguster et de marier un plat avec du vin.
J’ai décidé de tenter l’expérience avec le Château Scylla entre-deux-mers 2015.
Pour trouver un accord j’ai consulté un très bon livre que l’on m’a offert : “Accords mets & vins” des éditions Hachettes Vin.
Dans un premier temps j’ai réalisé un tartare de saumon/ pomme.
Le mariage était agréable mais n’offrait pas non plus une explosion de saveurs en bouche comme je l’aurais espéré
En revanche, le second mariage était vraiment délicieux ! Il s’agit simplement d’un fromage de chèvre, le Crottin de Chavignol, et ici l’accord était parfait.
Le vin, qui est déjà délicieux à boire seul, était sublimé faisant ressortir des arômes fruités.
Pour conclure j’ai adoré les personnes que j’ai rencontré. Ce sont des passionnés, des artisans de la terre qui excellent dans la production de bouteilles limitées mais exceptionnelles.
J’ai aimé les vins que j’ai goûtés et achetés, et mon regard change, notamment sur ces “petits” vignobles qui font des vins délicieux et méritent d’être connus.
Sur le fait aussi que le vin est sur nos tables depuis toujours et qu’il ne faut pas oublier que la meilleure façon de le déguster c’est avec les gens que l’on aime, car c’est un produit convivial et traditionnel.
Les vins du Château Scylla sont donc à se procurer directement au chai, à l’adresse ci-dessous, ou bien chez les cavistes bordelais comme par exemple l’Entre Deux Vins.
Côté restaurants, vous pourrez gouter ces vins dans plusieurs établissements bordelais, par exemple Le Petit Commerce ou encore Le Quatrième Mur du chef Etchebest (mon avis sur cette adresse ici 🙂 )
Château Scylla
Lieu dit ‘Jenin’
33350 Sainte Radegonde
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